Les langues kanak : documentation, préservation et développement linguistique
Les années 2022-2032 ont été proclamées « Décennie des langues autochtones » par l’Assemblée générale des Nations Unies, afin d’attirer l’attention du monde entier sur la situation critique de nombreuses langues autochtones et de mobiliser les parties prenantes et les ressources pour leur préservation, leur revitalisation et leur promotion (UNESCO). 28 langues kanak sont parlées en Nouvelle-Calédonie, dont 19 étaient considérées en 2010 par l’UNESCO comme « vulnérables » ou « en danger » plus ou moins grand de ne plus être parlées d’ici une ou deux générations (Moseley ed. 2010). En réponse à cette menace sur les langues autochtones, un courant s’est développé au sein de la linguistique visant à documenter ces langues, c’est-à-dire les enregistrer telles qu’elles sont parlées par leurs locuteurs dans la vie quotidienne (conversations, histoires orales, contes et légendes, chansons, recettes de cuisine, etc.).
Cette conférence aborde la question de la documentation des langues kanak et de l’articulation du travail de documentation avec les besoins des communautés de locuteurs, notamment en terme de préservation et de développement linguistique. Deux projets récents ou en cours sont présentés, l’un sur la documentation des contes (hingo), légendes, lieux-dits, et histoire locale en langue jao (jawe) à la tribu de Ouayaguette, l’autre sur la documentation et la description de la langue vamale (langue de Voh-Koné). L’accent est mis sur les différents acteurs impliqués dans de tels projets, les difficultés rencontrées, les atouts identifiés, et les leçons qu’on peut en tirer pour la préservation et le développement des langues kanak.
Conférence présentée par Alexander Elias, doctorant à la University of California, Berkley (USA) ; Florian Lionnet, professeur à Princeton University (USA) & Jean Rohleder, linguiste à l’Université de Berne (Suisse) au campus de Baco, animée en duplex au campus de Nouville par les enseignantes-chercheures et les enseignants-chercheurs de l’équipe ERALO.